
Ce navire marchand vaporeux, tout en fils et tissus, de Jannick Deslauriers, me « chavire », littéralement. Outre la prouesse technique, l’œuvre m’impressionne par ce qu’elle me raconte : périple, progression, déplacement. Et aussi lourdeur, fatigue, arrêt. Avec sa cargaison titubante, le grand bateau avance, ou pas. Ici, avec ses ancres déployées au sol, je remarque oui qu’il prend une pause. Suspendu dans l’air, blanc et gris, on dirait un vaisseau fantôme. Cette vision surréaliste me chavire, parce que j’y vois la condition humaine, la mienne bien entendu (on ramène tout à soi). Pareil à ce vaisseau, nous avons traversé de vastes étendues aux horizons variables, au travers de tempêtes, de moments d’accalmie, d’avenirs radieux et d’autres remplits d’incertitude. Nous avons cheminé comme le vent nous poussait, portés par nos rêves, aspirations, désirs, et aussi tout un lot de bagages, de charges mentales et émotives. Je nous souhaite de déposer nos ancres … de respirer et d’apprécier les moments d’arrêt tout autant que l’élan de nos voyages.
Vous avez encore jusqu’au jusqu’au 22 juin pour vous « exposer » à cette pièce hallucinante de Jannick — Archéologie du futur à Art mûr.
ratsdeville s’arrête ici pour l’été
— Éric